Analogue

Review : Lomochrome Turquoise, le lagon

Goethe, dans son travail sur les couleurs, a écrit sur le bleu que cette couleur produisait un effet étrange sur l’oeil : entre le calme et l’excitation, la sérénité et l’agitation. Même si aujourd’hui on n’a pas besoin de broyer du lapis-lazuli pour en avoir à disposition, le bleu continue à être une couleur qui touche, la couleur de la mer, des lagons exotiques, d’une certaine élégance. Couleur froide, mais comme une pierre qui enveloppe de douceur. Lomography ne s’y est donc pas trompé en lançant la Lomochrome Turquoise.

Petite soeur de la Lomochrome Purple, qui rend les verts violets et les jaunes roses, la Turquoise est pour moi un concentré de tout ce dont la photographie a besoin. Vous vous souvenez, je vous avais confié il y a quelques mois ma tristesse de voir la photographie se limiter à n’être qu’une reproduction du réel. La Turquoise sort de ce circuit pour nous inviter à voir les choses différemment, à créer autre chose qu’une image fidèle à la réalité. Déjà, sur le papier, j’étais conquise. Quand j’en ai donné un rouleau à mon Nikon F2, il a adoré.

Photo04_4

Au premier coup d’oeil on comprend. La Turquoise chamboule les couleurs. Ouvre le spectre chromatique comme le ventre d’une poupée. Les rouges deviennent indigo, les jaunes virent au turquoise, les verts se parent d’émeraude, les bleus tournent au doré. Toutes nos convictions s’effondrent. Picasso se vantait de peindre avec les couleurs de Félix Pottin. Pourquoi n’avons-nous pas de Cartier Bresson qui shoote en Turquoise ?

Photo05_5

La pellicule a cela de fou qu’elle nous permet de tout recréer sans aucune retouche. Oui, en photographie, on shootera toujours l’image telle qu’elle est sculptée. Mais on pourra la distordre avec les distances focales, la repeindre à coup de pellicules folles comme la Turquoise.

Photo06_6

Le Nikon F2 est particulièrement adapté à une telle pellicule. L’optique à f/1.4 permet une profondeur de champ maîtrisée et toujours sur le fil. Est-ce que ce qu’on voit est vrai, ou bien n’est-ce que notre imagination qui joue avec le flou ? Le F2 permet aussi une exposition parfaite, très importante pour l’abondance de bleus qu’on obtiendra.

On peut tout choisir, tout changer. On peut apprendre par coeur les équivalents des couleurs telles que notre oeil les perçoit ou bien ne rien décider et attendre le résultat. Pour ma part, j’ai toujours réfléchi aux couleurs avant de shooter, mais cela laisse peut-être des résultats trop homogènes, en manque d’un peu de folie.

Photo15_15

Dans tous les cas, cette pellicule est vraiment à la hauteur de sa réputation, et je déplore de ne pas la voir plus souvent exposée. La photographie existe depuis aujourd’hui trop longtemps pour que les codes ne soient pas bousculés comme ils l’ont été dans la peinture. Les sentiments sont bien trop grands pour tenir sur un cliché, il faut tordre les codes et contourner les lois chromatiques pour imposer ma, notre, votre vision du monde et des choses.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

A vos boîtiers pour faire bouger cette année !

Lomography – Site Web – E-commercePage Facebook

Une réflexion au sujet de « Review : Lomochrome Turquoise, le lagon »

Laisser un commentaire